"Toujours plus" ou "toujours mieux" ? Comment la recherche pour le développement peut favoriser le Bien Vivre - CIRAD

Dans les pays tropicaux et méditerranéens, les conditions de vie et le bien-être des populations dépendent encore fortement de la production primaire telles que la production alimentaire. Un récent ouvrage, "Buon Vivere (Good Living) as relationship economy", examine les différents aspects du concept de Bien vivre. Deux chercheurs du Cirad y présentent notamment comment la recherche agricole pour le développement peut aider les populations à vivre mieux, dans tous les sens du terme.

Le concept de Buon Vivere (BV) considère que les personnes et les relations qu’elles génèrent entre elles sont les conditions préalables au bien commun et à la durabilité. Il va à l'encontre des modèles de développement axés sur l'augmentation de la production plutôt que sur l'amélioration du bien-être.

 

Il se base sur la santé, l'éducation, la solidarité, la durabilité, l'équité, le bien commun et les relations. Il passe en particulier par la production de biens relationnels, c’est-dire les bienfaits générés par les relations entre les membres d'une société en termes de conditions de vie et de bien-être.

 

Ces derniers dépendent fortement de facteurs tels que les situations nutritionnelles et sanitaires, la durabilité environnementale, etc., qui peuvent être directement influencés par les politiques et les projets de développement.

 

La recherche agronomique pour le développement peut contribuer à améliorer les systèmes agricoles et alimentaires, en créant, par exemple, les conditions pour la production de ces biens relationnels et, ainsi, de meilleures conditions de vie et de bien-être.

 

Néanmoins, dans le cadre de la conception et la mise en œuvre des politiques de développement durable, il est alors crucial de pouvoir quantifier ce que sont de bonnes conditions de vie. De même, l'analyse de l'impact des projets de recherche et de développement permet une meilleure évaluation de ces projets et, in fine, un développement plus efficace, durable et équitable.

 

Dans leur essai, Stefano Farolfi et Sylvain Perret montrent comment les scientifiques du Cirad ont utilisé la méthodologie ImpresS pour évaluer l'impact de trois projets, décrits ci-dessous, qui illustrent comment la recherche agricole pour le développement peut avoir un impact direct et indirect sur le Bien Vivre.

 

Des revenus et des emplois en hausse au Mali et au Burkina Faso grâce à une décortiqueuse de fonio

A la demande d'un groupe de femmes gérantes de petites entreprises de transformation de céréales au Mali et au Burkina Faso, des chercheurs du Cirad ont conçu une machine sur mesure pour décortiquer le fonio. Le fonio est, en effet, une culture aux multiples avantages mais sa culture avait été quasiment abandonnée en raison de la difficulté de sa transformation.

 

Le premier prototype a été réalisé et testé à Montpellier, les versions suivantes ont été fabriquées et testées au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. Les transformateurs ont été formés à l'utilisation de la machine, qui a depuis été déployée dans toute la région.

 

En vingt ans, la région est passée d’une production de quelques tonnes en 2002 à, désormais, plusieurs centaines de tonnes de fonio par an.  Les producteurs et les transformateurs reçoivent aujourd’hui un revenu plus élevé, avec un chiffre d’affaires en hausse de 60 à 80 %. Une centaine d’emplois ont été créés. Les fabricants ont gagné en autonomie et en capacité d'innovation.

 

Une technique de lutte contre les moustiques générant un impact potentiel mondial

Depuis plus de 40 ans, les scientifiques visent l'éradication de la mouche tsé-tsé, vectrice de la maladie du sommeil, potentiellement mortelle pour l'homme et le bétail. En partenariat avec l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), le Cirad a travaillé sur un projet d’éradication dans la région des Niayes dans le Nord-Ouest du Sénégal. Les experts du Cirad ont notamment utilisé la technique de l'insecte stérile, combinant une irradiation suivie de lâchers aériens automatiques d'insectes ainsi rendus stériles. Auparavant, les producteurs élevaient des races bovines tolérantes aux maladies mais moins productives. Grâce au projet, ils ont alors pu revenir à des races plus productives, réduisant ainsi la taille des troupeaux et la pression sur les terres dans la région. La technique a déjà été déployée dans des pays comme l'Éthiopie et a également été utilisée pour élaborer une nouvelle stratégie de lutte contre les moustiques qui devrait profiter aux éleveurs et aux populations dans de nombreuses autres régions du monde.

 

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