Déclin des vertébrés : peut-on freiner l’érosion de la biodiversité ? Le Monde

Véronique Andrieux et Arnaud Gauffier, respectivement directrice générale et directeur des programmes du WWF France, ont répondu à vos questions sur le rapport « Planète vivante ».

    Le Monde : La consommation de viande semble être une des principales sources de la chute de biodiversité. Partagez vous ce constat ? Que pensez vous qu’on puisse faire pour accélérer la transition sur ce sujet.

 

Arnaud Gauffier : Les systèmes alimentaires, de la fourche à la poubelle en passant par l’assiette, représentent 29 % des émissions. Pour les trois quarts, c’est l’élevage qui est en cause. Soixante-dix pour-cent des feux au Brésil cet été étaient liés à l’agrandissement des zones de pâturage pour le bœuf. Quoi faire ? Il faut transformer notre modèle agricole vers une production alimentaire plus durable et, au niveau du citoyen, réduire notre consommation de viande ainsi que le gaspillage alimentaire.

 

Le Monde : Bonjour, pourquoi l'Amérique du Sud est-elle plus touchée que les autres continents ? Est-ce seulement dû à l'attaque perpétuelle de la forêt amazonienne ? Quand est-il de l'Asie (Indonésie...) et de l'Afrique ?

 

Arnaud Gauffier : Parce que l’Amérique du Sud fait partie de ces endroits “mégadivers” (ou “points chauds”) de biodiversité. Cette région du monde bénéficie d’une biodiversité remarquable (l’Amazonie abrite à elle seule 10 % de la biodiversité mondiale) qui est aujourd’hui particulièrement menacée par la déforestation et les feux (Amazonie, Cerrado, Pantanal, Chaco, etc.), les pollutions agricoles et liées à l’exploitation d’hydrocarbures (coraux du golfe du Mexique par exemple). La chute est d’autant plus brutale comparée à l’Europe que nous avons détruit une bonne part de notre biodiversité il y a longtemps par rapport aux régions d’Amérique du Sud.

 

Les fronts de déforestation mondiaux sont actuellement en train de se déplacer vers le bassin du Congo, l’un des derniers massifs forestiers relativement intacts à l’échelle mondiale car des investissements massifs sont en cours pour le développement de plantations industrielles de cacao, d’huile de palme ou l’exploitation du bois. Permettre le développement économique de cette région en y associant les populations locales tout en préservant sa biodiversité exceptionnelle sera l’un des enjeux importants des années à venir.

 

La situation en Indonésie reste préoccupante avec des départs de feux qui se sont multipliés cette année. Ainsi la province de Kalimantan central, sur l'île de Bornéo, a déclaré l’état d’urgence au mois de juillet face aux 700 nouveaux foyers d’incendie, principalement causés par l’extension des surfaces agricoles (huile de palme) et les plantations forestières (eucalyptus) pour la pâte à papier, alors que le gouvernement indonésien réduit le soutien à la lutte incendie et le statut de protection de certaines zones.

 

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