Dégradation des terres : INBAR veut restaurer 5,7 millions d’hectares – SCIENCES WATCH INFOS

L’Organisation Internationale pour le Bambou et le Rotin qui tient son tout premier congrès du 20 au 22 avril 2022 à Yaoundé saisit l’occasion pour affirmer la place de ces deux produits dans la promotion du développement durable et la lutte contre le changement climatique.

 

Par Adrienne Engono Moussang

 

 

Les experts de l’Organisation Internationale pour le bambou et le rotin (l’INBAR) sont en conclave à Yaoundé du 20 au 22 avril 2022. Dans le cadre des travaux du premier congrès de cette structure qui ont été ouverts mercredi par le Ministre d’Etat en charge du Tourisme et des Loisirs, Bello Bouba Maïgari, représentant du Premier Ministre, sur le thème « le bambou et le rotin comme moteur d’une économie résiliente et durable dans un contexte marqué par la dégradation progressive des ressources et bois d’origine naturelle et l’urgence de la lutte contre les changements climatiques ».

 

En fait, ces assises se tiennent alors que les commentaires sur le rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) continuent d’animer les débats. L’appel ou alors l’alerte rouge du GIEC invite à plus d’action concrète pour sauver la planète face à la menace de plus en plus présente du réchauffement climatique.

 

Et Christopher Trisocs, Directeur du « Climate Risk Lab de l’African Climate and Development » d’avertir : « D’après les données scientifiques, tout retard supplémentaire dans l’action mondiale risque de faire passer à côté d’une fenêtre qui se referme rapidement pour assurer un avenir sûr et vivable aux populations et à la nature sur la planète ». Ce dernier, enseignant à l’Université du Cap, en Afrique du Sud est aussi le responsable du chapitre consacré à l’Afrique dans le nouveau rapport, l’a signalé dans une interview parue sur le site www.un.org/africarenewal/fr/magazine en mars dernier. Selon le GIEC, à cause de la hausse de +1,5°C de température, le niveau de la mer a augmenté et l’on a observé une hausse des émissions de méthane qui tend à faire baisser l’efficacité des puits de carbone.

 

Sept des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD)

 

Toutes les actions sont à promouvoir pour sauver la planète du changement climatique et de ses impacts nuisibles. Des impacts qui affectent plus fatalement les pays du Sud, plus particulièrement ceux de l’Afrique, à cause de leurs moyens limités. Le bambou et le rotin présentent des solutions sûres. Et 20 des 48 pays du INBAR sont africains. Surtout que de plus en plus l’on fait la promotion de l’utilisation durable des ressources naturelles, ligneuses et non-ligneuses. Cette gestion écologique est susceptible d’apporter des réponses à sept des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), a rappelé le Ministre d’Etat. Des Objectifs issus de l’assemblée Générale des Nations Unies de 2015 et qui « couvrent l’intégralité des enjeux de développement dans tous les pays tels que le climat, la biodiversité, l’énergie, l’eau, la pauvreté, l’égalité des genres, la prospérité économique ou encore la paix, l’agriculture, l’éducation, etc. », confère le site www.agenda-2030.fr.

 

Dans son souci de respecter ses engagements en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique, le Cameroun s’est doté d’une stratégie nationale et d’un programme de développement du bambou.

 

Bello Bouba Maïgari a rappelé que le Cameroun compte 1,2 million d’hectares de bambou, comme l’indique une étude réalisée par l’Université de Dschang et l’INBAR en 2020. 240.000 Camerounais dépendaient déjà du bambou et du rotin à en croire des travaux de l’INBAR. L’INBAR compte restaurer 5,7 millions d’hectares de terre grâce au bambou, comme l’a indiqué le Ministre d’Etat Camerounais.

 

Déjà, en novembre 1997, le Cameroun signait un accord avec la Chine. L’accord portant création de l’INBAR offrait au pays la possibilité d’intégrer le marché mondial du rotin et du bambou, avec plus de 200 produits dérivés impliquant les secteurs du cosmétique, la construction, la micro-composante, l’ameublement, la médecine, le textile ou encore la fibre composite. 24 ans plus tard, (en novembre 2021), l’Assemblée Nationale et le Sénat camerounais ont autorisé le chef de l’Etat à ratifier cet accord.

 

Cet engagement du Cameroun a d’ailleurs été salué par le Directeur Général de l’INBAR, Ali Mchumo, qui a remercié les autorités du pays pour l’organisation de ce premier congrès en terre camerounaise.

 

Pour Jules Doret Ndongo, Ministre des Forêts et de la Faune du Cameroun (MINFOF), en même temps Président en exercice de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) et Président en exercice de l’INBAR : « Le bambou et le rotin permettent de lutter contre la pauvreté, d’améliorer les conditions et le cadre de vie des populations. Sur le plan environnemental et climatique, le bambou et le rotin séquestrent le carbone au même titre que la forêt, ils sont donc un élément stabilisateur du climat mondial, un élément fort dans la lutte contre les changements climatiques. Le Cameroun c’est 1,2 million d’hectares avec 15 espèces de bambou, 21 de rotin. Je pense que nous sommes bien partis pour exploiter ces ressources mais surtout aider notre pays à se développer ».

 

L’INBAR qui a vu le jour en 1997 regroupe 48 membres dont 40 issus des pays du Sud. En plus de la réflexion, le congrès en cours à Yaoundé exhibe le savoir-faire des artisans dans la transformation et la valorisation du bambou et du rotin.

 

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