NaturAfrica remplacera bientôt le Programme des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (ECOFAC)

L’annonce a été faite par l’Union européenne en juin 2022. NaturAfrica s’inscrit dans le cadre de la stratégie globale de biodiversité du Pacte vert pour l’Europe visant à protéger la faune et les écosystèmes, à saisir les opportunités économiques pour les communautés locales et populations autochtones (CLPA) dans les secteurs verts, et à renforcer la participation de ces communautés et populations aux programmes de l’UE qui soutiennent la biodiversité.

 

NaturAfrica : Un changement de paradigme dans l’approche de l'UE en matière de conservation de la nature ? - FERN

 

En juin 2022, l’Union européenne a annoncé que NaturAfrica, son nouveau programme phare de conservation, remplacerait le Programme des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (ECOFAC). NaturAfrica s’inscrit dans le cadre de la stratégie globale de biodiversité du Pacte vert pour l’Europe visant à protéger la faune et les écosystèmes, à saisir les opportunités économiques pour les communautés locales et populations autochtones (CLPA) dans les secteurs verts, et à renforcer la participation de ces communautés et populations aux programmes de l’UE qui soutiennent la biodiversité.

 

Bien que saluant les objectifs, certaines organisations non-gouvernementales (ONG) se demandent si l’initiative renforcera réellement les droits des communautés forestières qui résident à la périphérie et à l’intérieur des aires protégées – d’autant plus que son élaboration a été entourée de secret et que, contrairement à d’autres programmes environnementaux de l’UE tels que les Accords de partenariat volontaire (APV/FLEGT), l’implication des organisations de la société civile  travaillant sur les droits des communautés a été limitée.

 

Bien qu’elles soutiennent les efforts visant à lutter contre la dégradation de la biodiversité, les ONG souhaitent s’assurer que l’UE n’adopte pas une approche de “conservation forteresse" qui pourrait exclure les communautés forestières et qui a même conduit à des abus dans le passé. Un exemple d’initiative promue par l’UE est le projet controversé de transformer la zone de Messok - Dja en République du Congo en un parc national. Dans un rapport publié en 2020, le PNUD a conclu que les efforts déployés pour créer cette aire protégée avaient entraîné des violences et des menaces à l’encontre des communautés locales et populations autochtones Baaka. Il est toutefois important de noter que l'UE a revu ses programmes de conservation après les abus constatés à Messok Dja afin d'y inclure le consentement libre, informé et préalable.

 

Le bassin du Congo abrite environ un million de CLPA qui entretiennent des liens sociaux, culturels et économiques étroits et forts avec la terre et la nature. En République Démocratique du Congo (RDC), elles ont protégé plus de 100 millions d’hectares de forêt, leurs pratiques et valeurs étant guidées par leur relation à la nature. Selon Joseph Itongwa, du Réseau des Populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (REPALEAC), ces efforts sont largement négligés dans de nombreux programmes internationaux ; il en résulte que les programmes ont privé les habitants des forêts de leurs terres et de leurs moyens de subsistance.

 

Les droits des populations autochtones doivent être mis en avant dans le cadre de NaturAfrica, side nouvelles aires protégées sont  établies dans des territoires que les CLPA gèrent depuis des générations.

 

Par conséquent, pour concevoir et mettre en œuvre avec succès NaturAfrica, l’Union européenne doit tenir compte des droits humains et de la dépossession des terres qui ont souvent accompagné ses initiatives de conservation. L’initiative doit également être le véritable fer de lance d'un nouveau modèle de conservation.

 

Itongwa explique que la question centrale est de savoir comment garantir la protection juridique des territoires, des moyens de subsistances et des droits des CLPA ; comment soutenir les méthodes de conservation traditionnelles  et comment garantir l’accès et assurer une distribution équitable des bénéfices.

 

En RDC, la nouvelle Loi portant protection et promotion des droits des peuples autochtones pygmées, adoptée par le Sénat national en juin 2022, constitue une étape majeure à cet égard. Cette loi – la deuxième du genre en Afrique centrale – renforcera la reconnaissance des usages, des coutumes et de la pharmacopée des peuples autochtones pygmées et améliorera leurs droits fonciers et leurs accès aux ressources. La République du Congo a été la pionnière dans l’adoption en 2011 d’une législation similaire et d’une règlementation spécifique, mais sa mise en œuvre reste faible et inégale, car tous les principes énoncés devraient faire l’objet de textes d’application. À ce jour, seuls six textes ont été pris. La société civile ne cesse de mener un plaidoyer pour que l’ensemble des textes soient adoptés.

 

La question est maintenant de savoir si NaturAfrica va changer la donne et défendre une approche inclusive basée sur les droits des communautés forestières qui profite à la fois à ces communautés et à la biodiversité.

 

« Nous demandons que NaturAfrica investisse dans la conservation communautaire traditionnelle des peuples autochtones, donc non basée sur les aires protégées classiques car ECOFAC a eu des problèmes. La nature ne peut pas se défendre toute seule », explique Itongwa. « En RDC, nous ne voulons plus de “conservation policière”. Il faut mettre fin à l’opacité entourant les programmes de conservation, et s’assurer qu’ils bénéficient aux peuples autochtones et à l’État. Il faut s’inspirer des bonnes pratiques des autres régions – par exemple, le reversement des taxes des aires protégées à l’État. ».

 

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