Conservation : Parc national de la Salonga, un pas vers une cohabitation pacifique- ENVIRONEWS

Le Parc national de la Salonga, dans la cuvette de la République démocratique du Congo, a été créé en 1970. La Salonga demeure jusqu’ à ce jour le plus grand parc forestier d’Afrique. Avec une superficie estimée à près de 36 000 Km2, cette aire protégée abrite des espèces endémiques de faune sauvage de la RD Congo, dont le Bonobo (Pan paniscus), le Paon congolais (Afropavo congensis), mais aussi d’autres espèces emblématiques comme l’éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis) et le bongo (Tragelaphus eurycerus). En outre, il joue un rôle très important dans la régulation du climat grâce à ses forêts, à son réseau hydrographique dense et ses tourbières.

Le Parc national de la Salonga est co-géré par l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature et le Fonds mondial pour la Nature (WWF). Entre 2018 et 2020, le parc a été au cœur d’un scandale parce que des ONG ont accusé les écogardes du parc de graves violations des droits des communautés locales vivant dans et autour de la Salonga dans l’exercice de leurs fonctions. Cette situation a été à la base du désamour qui a régné un moment entre les communautés locales et le Parc. Le tollé créé par ces révélations avait poussé la justice congolaise à instruire des dossiers envers les coupables.

 

Réconcilier les communautés et leur parc

 

Depuis sa création, le parc national de la Salonga n’a jamais fait l’unanimité dans la perception des communautés locales. Certaines pensent que le parc n’est là que pour les empêcher de tirer profit des ressources de la faune et de la flore héritées de leurs ancêtres. Et d’autres, manipulées par certaines personnalités politico administratives, veulent à tout prix saper les efforts de conservation pour des raisons inavouées.

 

A en croire les gestionnaires de ce parc, un travail de sensibilisation est mené auprès des communautés pour changer cette perception. Ceci afin de leur faire comprendre que le parc n’a pas pour but de les empêcher de jouir de ses ressources, mais plutôt qu’il est un catalyseur du développement durable de cette partie de la République.

 

Avec l’appui de bailleurs de fonds dont l’Union européenne, la KFW et l’USAID, le Parc exécute des projets socio-économiques bénéfiques à la population, et responsabilise les communautés locales en les impliquant dans la gestion de ce patrimoine. Toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre de la Stratégie de conservation communautaire initiée par l’ICCN, pour impliquer davantage les communautés locales, y compris les peuples autochtones et les autres parties prenantes à la gestion du PNS, dans des actions concertées qui concilient la conservation de la biodiversité et le développement socioéconomique durable.

 

Plusieurs projets sont exécutés en ce sens portant notamment sur l’agriculture durable, l’élevage, la foresterie communautaire, l’accès au marché des produits agricoles, les infrastructures de base, l’éducation, la santé, les activités génératrices de revenu etc. Ces activités permettent aux communautés autrefois hostiles aux efforts de la conservation, de se rendre compte du bien-fondé de celle-ci.

 

Respect des droits humains

 

Face aux graves allégations mises sur le dos des écogardes du parc national de la Salonga, il était capital de trouver les voies et moyens pour créer un véritable cadre de dialogue entre le parc et les communautés locales. D’où la mise en place d’un mécanisme indépendant de gestion des plaintes et recours lancé le 16 août 2021, dans le Territoire de Monkoto, province de la Tshuapa. Cette initiative a inauguré un nouveau pas vers une cohabitation pacifique entre le parc et les populations riveraines.

 

Depuis le lancement du mécanisme de plainte et de recours par le projet BENGO, une trentaine de villages ont été déjà visités par l’équipe de JUREC (Juristes pour l’environnement au Congo), une ONG choisie dans le cadre du nouvel accord de gestion du Parc de la Salonga pour mettre en œuvre ce mécanisme.,

 

De manière pratique, le mécanisme indépendant dispose d’un bureau central et d’une vingtaine de moniteurs disséminés autour du parc. Ces moniteurs travaillent comme des points focaux pour assurer la liaison entre les communautés et le mécanisme. Les plaintes à recevoir sont celles qui relèvent des activités liées à la conservation.

 

« Le mécanisme que nous avons mis en place vise premièrement à faire régner un climat de confiance et de paix entre les communautés et les gestionnaires de l’aire protégée afin que la vie menée autour du parc soit harmonieuse », a précisé Félix Lilakako, coordonnateur de JUREC. « Lorsque nous recevons les plaintes des communautés, nous nous assurons que le traitement ne soit pas influencé par qui que ce soit. Nous travaillons dans l’indépendance et dans le respect strict des règles établies par la loi ».

 

Ce mécanisme ne se substitue pas aux cours et tribunaux. Il a plutôt pour mission de réceptionner les plaintes des communautés, les analyser et les orienter auprès des instances habilitées à y apporter les solutions appropriées. Les communautés peuvent en toute liberté choisir de saisir directement la police, les cours et tribunaux ou autres instances judiciaires de leur convenance.

 

« Il y’a eu quand même des avancées, surtout avec le mécanisme de gestion des plaintes. C’est vraiment quelque chose qui doit être construit », a indiqué Blaise Mudodosi, coordonnateur de l’ONG APEM (Actions pour la Promotion et Protection des Peuples et Espèces Menacés) .

 

Pour cette organisation de la société civile qui a été à la base des révélations troublantes sur les violations des droits humains dans la Salonga, ce mécanisme qui est en cours de test dans le parc est une avancée significative vers le respect des droits humains.

 

Cependant, APEM estime qu’il est important que ce mécanisme soit renforcé dans son indépendance et que les conditions susceptibles de créer la confiance des communautés locales le soient également.

 

« Jusque-là, la plupart des plaintes reçues viennent des communautés. Nous nous rassurons que les personnes qui viennent déposer leurs plaintes se sentent en sécurité et en confiance », a renchéri Felix Lilakako, coordonnateur de JUREC.

 

Le mécanisme de gestion des plaintes est un processus qui nécessite du temps pour mieux appréhender les vrais problèmes des communautés et des gestionnaires du parc, afin d’y apporter des solutions durables. « Il y’a eu des avancées significatives en termes d’engagements de l’administration WWF au niveau international sur l’effectivité de la mise en œuvre des éléments de réponse à toutes ces allégations », a informé Franck Kamunga, coordonnateur du projet BENGO dans le bassin du Congo

 

BENGO est un projet du WWF. Il a été lancé et exécuté dans trois aires protégées (Salonga en RDC, Aires protégées de Dzanga Sangha en RCA et parc Lobeke au Cameroun), dans lesquelles cette organisation internationale travaille à travers le bassin du Congo. Ce projet, exécuté en étroite collaboration avec les unités de gestions des aires protégées concernées, veille à ce que les droits humains soient strictement respectés. Et que les réponses aux allégations ne dépendent ni de l’ICCN, ni du WWF pour le cas de la RDC.

 

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