Pour lutter contre la déforestation, n’abandonnons pas nos outils performants - euractiv

La Commission proposera bientôt des mesures afin de garantir des chaînes d’approvisionnement durables et sans déforestation pour les produits et matières premières commercialisés dans l’Union européenne. Ces mesures ne fonctionneront que si elles sont associées à des mesures visant à aider les pays fortement boisés à s’attaquer aux causes profondes de la déforestation.

La consommation européenne de divers produits de base, dont le cacao, le café, la viande, les minéraux, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja et le bois, représente 10 % de la déforestation mondiale. L’Union européenne (UE) a placé la barre très haut et élabore actuellement des mesures visant à éradiquer la déforestation des chaînes de valeur des entreprises qui commercialisent leurs produits sur les marchés européens. Il s’agit d’une avancée cruciale.

 

Toutefois, il ne suffit pas que l’UE nettoie son propre marché. La déforestation n’est pas une question à traiter sous le seul angle environnemental. C’est une question globale, intrinsèquement liée aux droits humains – droits fonciers, droits des communautés locales et des peuples autochtones, pauvreté – et à la bonne gouvernance.

 

En 2003, l’Union européenne a créé un outil innovant pour lutter contre l’exploitation illégale des forêts dans le monde : le plan d’action relatif à l’application des réglementations forestières, à la gouvernance et aux échanges commerciaux (FLEGT) et ses Accords de Partenariat Volontaire (APV).

 

Ce plan d’action novateur porte ses fruits. Par exemple, en Indonésie, qui est pour le moment le seul pays partenaire à délivrer des licences FLEGT, le nombre de cas d’exploitation illégale des forêts a diminué, passant de près de 1 800 cas en 2006 à 80 cas en 2020. En ce qui concerne la réduction de la déforestation, qui est évidemment l’objectif du règlement à venir pour mettre fin à la déforestation importée, 120 000 hectares ont été déforestés en 2020, contre 1 090 000 hectares en 2014.

 

Nous saluons les acquis du plan d’action FLETG et ses APV. Ils se sont attaqués aux causes sous-jacentes de l’exploitation illégale des forêts et ont amélioré la gouvernance, notamment à travers la protection des droits des communautés locales et des peuples autochtones et leur participation, le renforcement des cadres juridiques et institutionnels et la lutte contre la corruption. Le plan d’action FLEGT a également permis d’établir des règles de concurrence plus justes et de réduire la demande de bois illégal dans l’UE. L’abandon des licences FLEGT et des APV aurait d’énormes conséquences politiques dans les pays partenaires et sur la crédibilité de l’UE.

 

La Commission européenne ne peut pas balayer une de ses initiatives phares sans consultation avec les pays partenaires. Depuis plus d’une décennie, les parties prenantes des pays forestiers ont investi du temps, de l’énergie et des ressources pour assainir leur secteur forestier. L’argument « c’est long, difficile et cela ne marche pas …» ne justifie pas une démission unilatérale de l’UE. La gouvernance demande de la volonté politique et des ressources conséquentes. Quelles autres initiatives ont été aussi fructueuses en si peu de temps ? Les programmes de conservation, la REDD+ et les Objectifs de Développement Durable? Si un programme bute, il faut le renforcer et lui octroyer des moyens adéquats. Un nouveau programme ne pourra effacer les obstacles rencontrés jusqu’ici.

 

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