La conservation sur des espaces surdimensionnés et le déclin de la faune sauvage et du tourisme dans les savanes d’Afrique centrale

Stopper l’érosion de la biodiversité nécessite d’agir à tous les niveaux. Les actions de conservation sont indispensables et elles sont souvent mises en avant comme enjeu majeur en matière de protection de la biodiversité dans les diverses stratégies nationales, européennes et internationales. Néanmoins, ces politiques, comme le démontrent bien les travaux du groupe FRB-Cesab Afrobiodrivers, peuvent être un échec si elles consistent uniquement à étirer la conservation dans les espaces sans en avoir les moyens économiques et politiques. Elles doivent donc être accompagnées d’une part par des actions de restauration des milieux et fonctions écosystémiques, utilisant autant que possible des solutions fondées sur la nature, et d’autre part par des efforts constants et renforcés pour réduire les pressions pesant sur la biodiversité, et notamment les subventions perverses, impliquant tous les acteurs et décideurs à l’origine de ces pressions.

Lorsqu’en 2010, les gouvernements du monde se sont engagés à augmenter la couverture des aires protégées à 17% de la surface terrestre mondiale, plusieurs pays d’Afrique centrale avaient déjà instauré la protection de 25% de leurs savanes à des fins de conservation. Pour évaluer l’efficacité de ces outils, des chercheurs du projet Afrobiodrivers, financés par la FRB au sein de son centre de synthèse, ont analysé les résultats de 68 enquêtes menées dans les sept principaux parcs nationaux de savane d’Afrique centrale (1960-2017) ainsi que les informations sur les pressions potentielles impactant la population de grands herbivores (pluviométrie, nombre de gardes) et sur le nombre et les revenus des touristes. Dans six des sept parcs, les populations sauvages de grands herbivores ont considérablement diminué au fil du temps, parallèlement, le nombre de têtes de bétail a augmenté, et le tourisme, le pilier d’une industrie faunique locale autrefois florissante, s’est effondré. Le parc national Zakouma (Tchad) s’est démarqué parce que ses grandes populations d’herbivores ont augmenté, une augmentation qui est positivement corrélée avec les précipitations et le nombre de gardes, démontré ici comme un indicateur de conservation pertinent.

 

Avec la baisse des revenus et l’insécurité croissante, les gouvernements ont trop peu de ressources pour protéger les vastes zones que représentent les parcs et faire respecter les limites des zones protégées. « Les gouvernements de ces pays sont débordés et essaient de faire plus que ce qu’ils peuvent faire », a déclaré Paul Scholte, auteur principal de l’étude et directeur du programme Gouvernance et gestion durable des ressources naturelles à Comoé et Taï, deux parcs nationaux de Côte d’Ivoire. « Et la réalité est que l’augmentation des zones sous conservation, en Afrique centrale, pousse les pays à assumer plus qu’ils ne peuvent assumer, alors que la communauté internationale ne leur a pas donné les ressources nécessaires pour s’aligner sur les réalités du terrain.

 

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