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Les Parties ont aussi promptement adopté les ordres du jour pour cette réunion. Des consultations préalables à la session avaient permis de dégager un accord pour que plusieurs questions litigieuses soient abordées dans le cadre des consultations de la Présidence ou dans celui des points existants de l’ordre du jour, et non en tant que points indépendants.
Toutefois, malgré ces victoires initiales, les négociations tout au long des deux semaines de réunions ont été difficiles, en particulier sur les principaux résultats attendus de cette conférence : le premier Bilan mondial (BM) dans le cadre de l’Accord de Paris, le cadre pour la mise en œuvre de l’Objectif mondial d’adaptation (OMA), le Programme de travail sur l’atténuation, le Programme de travail sur les voies de transition juste et les questions liées à l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris, relatif à la mise en cohérence des flux financiers avec une trajectoire de développement à faible émission de gaz à effet de serre (GES) et résilient aux changements climatiques.
Au cours de la deuxième semaine, les négociations se sont surtout déroulées en coulisses, dans le cadre de consultations bilatérales sur divers projets de textes, menées par la Présidence, les ministres désignés co-facilitateurs et d’autres acteurs en vue d’identifier des terrains d’entente. Les principales controverses portaient, entre autres, sur le libellé relatif à l’élimination progressive des énergies fossiles dans la décision issue du BM, et sur les références aux moyens de mise en œuvre de l’OMA. Malgré l’intention de la Présidence de clore la réunion dans les temps le mardi 12 décembre, les consultations se sont poursuivies jusqu’aux premières heures du mercredi 13 décembre. Au petit matin, les projets de décision sur les questions en suspens ont finalement été publiés et adoptés par la plénière de clôture.
Les Parties ont adopté une décision relative au BM reconnaissant la nécessité de réduire les émissions de GES en profondeur, de façon rapide et soutenue, conformément aux projections de l’objectif 1,5°C. La décision encourage les Parties à veiller à ce que leurs prochaines Contributions déterminées au niveau national comportent des objectifs ambitieux de réduction des émissions à l’échelle de l’économie dans son ensemble, couvrant tous les GES, tous les secteurs et toutes les catégories, et alignés sur le maintien du réchauffement global en deçà de 1,5°C.
Entre autres, la décision appelle également les Parties à contribuer, de la manière qu’elles définiront au niveau national, aux efforts mondiaux visant à :
- tripler la capacité d’énergie renouvelable à l’échelle mondiale et doubler le taux annuel moyen mondial d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030 ;
- accélérer les efforts en vue de la réduction progressive de la production d’électricité à partir du charbon ;
- accélérer les efforts déployés à l’échelle mondiale pour mettre en place des systèmes énergétiques à zéro émission nette, en utilisant des carburants zéro-carbone ou à faible émission de carbone, bien avant ou au plus tard vers le milieu du siècle ;
- transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, rationnelle et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, conformément aux données scientifiques ;
- accélérer la mise au point des technologies à émissions nulles et faibles, y compris, entre autres, les énergies renouvelables, le nucléaire, les technologies de contention et d’élimination telles que le captage, l’utilisation et le stockage du carbone, en particulier dans les secteurs où les réductions sont les plus difficiles, et la production d’hydrogène sobre en carbone ;
- accélérer et réduire considérablement les émissions autres que celles du dioxyde de carbone à l’échelle mondiale, y compris, en particulier, les émissions de méthane, d’ici 2030 ;
- accélérer la réduction des émissions du transport routier par toute une série de moyens, notamment le développement d’infrastructures et le déploiement rapide de véhicules à émissions nulles et faibles ; et
- éliminer progressivement et le plus rapidement possible les subventions inefficientes dont bénéficient les énergies fossiles et qui ne participent pas à lutter contre la pauvreté énergétique ou aux transitions justes.
Les déclarations finales ont mis en lumière toute la difficulté d’arriver à un compromis dans le cadre du BM. Beaucoup ont dénoncé l’absence d’une référence claire à l’élimination progressive des énergies fossiles, la faiblesse des libellés sur le charbon et le méthane, et les failles associées aux prétendus « carburants de transition », qui, selon la décision, « peuvent jouer un rôle pour faciliter la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique ». D’autres ont trouvé que faire référence à ces efforts mondiaux spécifiques aurait été trop normatif, et ont rappelé énergiquement que l’approche de l’Accord de Paris est de nature ascendante et déterminée au niveau national. Quoi qu’il en soit, la décision est saluée comme le « début de la fin pour les énergies fossiles ».
Parmi les autres résultats de la conférence, on peut évoquer :
- l’adoption du cadre de l’OMA établi par l’Accord de Paris, qui sert à guider la mise en œuvre de l’objectif, entre autres, et qui prévoit : une évaluation de l’impact, de la vulnérabilité et des risques (d’ici 2030) ; des systèmes d’alerte précoce multirisques (d’ici 2027) ; des services d’information climatique pour la réduction des risques et l’observation systématique (d’ici 2027) ; et des Plans nationaux d’adaptation pilotés par les pays, sensibles à la problématique de genre, participatifs et transparents (d’ici 2030) ;
- la désignation du consortium formé par le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets en tant qu’hôte du Réseau de Santiago sur les pertes et préjudices ;
- le lancement de la mise en œuvre du Programme de travail sur les voies de transition juste, avec au moins deux dialogues hybrides devant se dérouler avant les deux sessions annuelles des organes subsidiaires ;
- la décision de poursuivre et de renforcer le dialogue afin d’échanger des points de vue et d’améliorer la compréhension de la portée de l’article 2.1(c) de l’Accord de Paris (relatif à la mise en cohérence des flux financiers avec une trajectoire de développement à faible émission de GES et résilient aux changements climatiques) et de sa complémentarité avec l’article 9 de l’Accord de Paris (relatif au financement de l’action climatiques) ; et
- la décision de convoquer un dialogue d’experts sur les environnements montagneux face aux changements climatiques, ainsi qu’un dialogue d’experts sur les impacts disproportionnés des changements climatiques sur les enfants, à l’occasion des réunions des Organes subsidiaires en juin 2024.
La Conférence des Émirats arabes unis sur les changements climatiques s’est déroulée du 30 novembre au 13 décembre 2023, dépassant de 24 heures le temps initialement imparti. La conférence englobait la 28e réunion de la Conférence des Parties (CdP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la 18e réunion de la Conférence des Parties siégeant en tant que Réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP 18), la 5e session de la Conférence des Parties siégeant en tant que Réunion des Parties à l’Accord de Paris (CMA 5), et les 59e sessions de l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA 59) et de l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI 59).
Au total, 97 372 personnes étaient inscrites pour une participation présentielle, dont 51 695 délégués des Parties, 25 360 observateurs, 3 972 membres des médias et 16 345 membres du personnel de soutien et du Secrétariat. Parmi les observateurs, 4 885 étaient des invités du pays hôte, les Émirats arabes unis (EAU). Par ailleurs, 3 074 personnes, dont 177 délégués des Parties, 2 821 observateurs et 76 représentants des médias, étaient inscrites pour participer en ligne. La CdP 28 a été de loin la plus grande conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à ce jour.
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