Partager :

Le Bassin du Congo : un enjeu stratégique pour la lutte contre la criminalité environnementale

Paris, avril 2025 – À l’occasion du troisième dialogue sur la sécurité et le développement consacré à la criminalité environnementale, la communauté internationale a réaffirmé l’urgence de réponses coordonnées face aux menaces croissantes qui pèsent sur les écosystèmes de la planète. Parmi les régions les plus touchées et stratégiques figure le bassin du Congo, véritable sanctuaire de biodiversité, mais aussi cible croissante de trafics illicites, de corruption et de déforestation illégale.

Une région vitale mais vulnérable

Deuxième plus grande forêt tropicale du monde, le bassin du Congo joue un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial et abrite des millions de personnes, dont de nombreuses communautés autochtones. Pourtant, il est en première ligne des activités criminelles : extraction illégale de minerais, exploitation forestière non réglementée, et commerce illicite d'espèces sauvages y prolifèrent, alimentés par des réseaux transnationaux bien organisés.

Les États de la région, malgré leur engagement croissant, souffrent souvent d’un manque de moyens, de cadres juridiques harmonisés et de coopération internationale efficace. La conférence de Paris a souligné la nécessité de soutenir davantage ces pays afin de conjuguer lutte contre la criminalité environnementale et développement durable.

Le besoin d’une réponse multilatérale renforcée

Le dialogue a mis en lumière l’inefficacité du statu quo. Face à l’ampleur des dommages causés : atteintes irréversibles aux écosystèmes; aggravation des inégalités sociales; déstabilisation des institutions, les réponses actuelles sont jugées fragmentées et insuffisantes. Dans ce contexte, le bassin du Congo apparaît comme un territoire clé, illustrant l’importance d’une action multilatérale plus structurée, inclusive et équitable.

Plusieurs pistes ont été évoquées, notamment la création d’un nouveau protocole dédié à la criminalité environnementale sous la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC). Un tel protocole permettrait d’harmoniser les lois, de faciliter les enquêtes transfrontalières, et de renforcer les capacités des États riverains du bassin.

Une conférence régionale décisive à Libreville en juillet 2025

Dans cette dynamique, une conférence régionale majeure sur la criminalité environnementale et les conflits homme-faune se tiendra à Libreville, au Gabon, du 10 au 11 juillet 2025. Organisée par les Républiques française et gabonaise, co-facilitatrices du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC), avec le soutien de la COMIFAC, de la CEEAC, de l'Agence Française de Développement (AFD) et d'Expertise France, cette rencontre vise à rassembler environ 350 acteurs clés d’Afrique centrale et d’ailleurs pour élaborer des solutions durables aux menaces pesant sur les forêts du Bassin du Congo .

En marge de cette conférence, plusieurs événements connexes se tiendront le 9 juillet, notamment la 17e Réunion du Conseil Directeur du PFBC, une réunion sur le successeur du Congo Basin Pledge, une Journée Scientifique – Dialogue Science-Politique, ainsi qu’une Journée dédiée à la Société Civile .

Intégrer les voix locales et combattre la corruption

Les participants ont également insisté sur l’importance d’inclure les savoirs locaux, les défenseurs de l’environnement et les peuples autochtones dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques. Dans le bassin du Congo, ces acteurs sont souvent les premiers à alerter sur les abus parfois au péril de leur vie et détiennent une connaissance précieuse des dynamiques locales.

Par ailleurs, la corruption a été identifiée comme un obstacle majeur à toute avancée significative. Dans de nombreux cas, elle permet aux réseaux criminels d’opérer en toute impunité, en infiltrant les institutions publiques et en bloquant les mécanismes de justice.

Le bassin du Congo incarne à la fois la richesse naturelle que la planète ne peut se permettre de perdre et la vulnérabilité face à une criminalité environnementale en pleine mutation. Il doit être placé au cœur des priorités internationales. La conférence de Paris l’a rappelé avec force : la protection du bassin du Congo n’est pas seulement une urgence régionale, c’est un impératif mondial.

La conférence de Libreville en juillet 2025 représente une étape cruciale pour transformer les engagements en actions concrètes et renforcer la coopération régionale et internationale dans la lutte contre la criminalité environnementale.

Télécharger le rapport du troisième dialogue sur la sécurité et le développement de Paris... (pdf - 2.71 Mi)