Les aires protegées dans le bassin du Congo

Presentation

Le Bassin du Congo abrite une richesse floristique et faunique impressionnantes, allant des espèces individuelles (éléphant, rhinocéros, hippopotame, girafe et gorille) à des habitats endémiques (points chauds). L’intérêt grandissant accordé à la protection de l’environnement en général et aux écosystèmes en particulier a amené plusieurs Etats africains à créer des aires protégées sur leur territoire. Selon la définition actualisée de l’UICN (2008) une aire protégée est "un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés". Cette définition, simple, concise, détermine les objectifs fondamentaux des aires protégées : protection et maintien de la biodiversité (comprise dans ses trois dimensions : génétique, spécifique et écosystémique), des ressources naturelles, des paysages et des valeurs culturelles rattachées. Actuellement, environ 22,6 millions d’hectares de forêts denses humides d’Afrique centrale, soit 14% de sa surface totale, bénéficient d’un statut d’aire protégée.

Historique

La conservation des espaces a une longue histoire en Afrique. Traditionnellement plusieurs espèces animales, de plantes, quelques fois des espaces forestiers étaient protégés dans le respect des coutumes ancestrales ou pour des considérations religieuses. Dans la plupart des pays d’Afrique centrale, les premières générations d’aires protégées au sens moderne du terme furent instituées au cours de la période coloniale, dès le début du 20ème siècle. La création de ces sites correspondait d’abord à des stratégies de mise en repos des ressources face à une exploitation potentiellement abusive de la grande faune ou du bois d’œuvre. Au fil des décennies et suite à la reconnaissance par la communauté internationale des menaces qui pèsent sur la diversité biologique, l’importance accordée à la conservation s’est amplifiée. Les initiatives entreprises pour conserver la diversité biologique se sont intensifiées et généralisées au sein des pays africains. Ainsi, durant ces deux dernières décennies, la conservation de la biodiversité, qui n'intéressait initialement qu'un groupe relativement limité d'écologistes et de scientifiques, est devenue un élément à part entière des politiques et planifications nationales. Dans un contexte international, en réponse à la Convention de Rio en 1992, la plupart des pays africains ont signé la Convention sur la Diversité Biologique et ont préparé leurs stratégies nationales en la matière. Partant, avec l’émergence de la COMIFAC (Commission des Forêts d’Afrique Centrale) puis du RAPAC (Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale) on assiste à une dynamique de créations, de restructuration et d’amélioration des aires protégées dans le Bassin du Congo.

Des aires protegees transfrontalieres dans le bassin du Congo

La gestion des aires protégées dans le Bassin du Congo, se fonde désormais sur un nouveau paradigme: l'approche de conservation par paysages.Ainsi, Suivant les directives formulées dans le plan de convergence, cinq complexes d’aires protégées transfrontalières ont été créé, depuis l'an 2000 sous la coordination de la COMIFAC :
1- Le tri-national de la Sangha (TNS) - Cameroun, RCA, Congo;
2- Le Tri-national Dja-Odzala-Minkebe (TRIDOM) - Cameroun, Gabon, Congo;
3- Le binational Mayumba Conkouati (PTMC)- Congo, Gabon;
4- Le binational Lac Télé – Lac Tumba (LTLT) - Congo, RDC;
5- Le binational Sena Oura- Bouba Ndjida - Cameroun, Tchad.

Les aires protegees: des espaces aux mutilples enjeux

Les aires protégées sont des espaces aux multiples enjeux, tant sur le plan écologique, économique, scientifique que socio-culturel.

  • Plan écologique

Les aires protégées contribuent au maintien de la diversité biologique et des processus écologiques essentiels à la vie. Elles permettent l’évolution dynamique des espèces sauvages à l’intérieur du processus de la sélection naturelle, et ce, à l’abri des pressions et des perturbations anthropiques. Elles procurent des bénéfices écologiques de première importance, comme la production d’oxygène, la création et la protection des sols, l’absorption et la réduction des polluants, l’amélioration des conditions climatiques locales et régionales, la conservation des nappes aquifères, la régularisation et la purification des cours d’eau. Par ailleurs, les aires protégées fournissent un encadrement visuel aux paysages qui nous entourent de même qu’une protection des milieux contre des catastrophes naturelles, telles que les inondations et les glissements de terrain. Enfin, les aires protégées préservent l’ensemble des potentiels écologiques des milieux pour des utilisations essentielles dans le futur.

  • Plan économique

Les aires protégées favorisent notamment la diversification des économies locales et régionales, et contribuent entre autres à sauvegarder des habitats, des espèces fauniques et floristiques qui constituent une ressource naturelle renouvelable à la base de nombreuses activités, telles que la chasse, la pêche, le piégeage et la cueillette. De façon très significative, elles supportent également l’industrie touristique. Un autre domaine en rapide expansion grâce à l’existence des aires protégées est l’écotourisme, qui résulte de l’observation du monde vivant. Il connaît un développement sans précédent partout dans le monde.

  • Plan scientifique

Les aires protégées sont des laboratoires en milieu naturel. Elles permettent d’avoir accès à des informations de première main sur les écosystèmes et les espèces ; elles aident à comprendre le fonctionnement de ces éléments naturels et à découvrir de quelle façon ils peuvent s’adapter aux changements. Les aires protégées jouent donc un rôle essentiel comme lieux de référence écologique et favorisent une vision plus large de la conservation, en permettant de suivre les changements et d’évaluer les impacts environnementaux des diverses décisions de gestion sur le territoire et sur les ressources situées à l’extérieur de celui-ci. Les aires protégées constituent des zones témoins pour l’établissement de nouveaux modes d’aménagement, par exemple au regard des pratiques forestières ou de la conservation et de la mise en valeur de la faune. C’est donc une police d’assurance que se donne une société, puisqu’il est difficile de comprendre et de contrôler toutes les incidences de l’exploitation des ressources sur le milieu naturel. Cette assurance est d’autant plus importante si, sur un territoire donné, les pressions d’aménagement et de développement se font de plus en plus intenses.

  • Plan socio-culturel

Les aires protégées participent à l’éducation et à la sensibilisation à la conservation. En effet, Les connaissances acquises dans les aires protégées permettent de remonter dans le temps et de découvrir comment naissent, se développent et se transforment les écosystèmes. Ces connaissances peuvent être utilisées non seulement à des fins scientifiques mais aussi à des fins éducatives, de manière à aider par exemple à la compréhension des relations entre les humains et la nature. Les aires protégées procurent ainsi des occasions de contacts directs avec la nature. Elles exercent une attraction indéniable sur la population en éveillant l’intérêt pour la conservation des espèces et de leurs milieux de vie. Elles contribuent également à façonner l’appui volontaire du public en faveur de la conservation et du développement durable. Bien plus, les aires protégées transmettent des valeurs sociales, culturelles et spirituelles. Elles inspirent une philosophie selon laquelle toutes les formes de vie ont le droit d’exister et d’évoluer selon leur propre dynamique. La protection des écosystèmes et des paysages par le mécanisme des aires protégées contribue à développer une éthique environnementale au sein de la collectivité et à renforcer la fierté et l’identité culturelle d’un État. Ces espaces constituent des lieux par excellence pour la récréation de plein air favorisant un bien-être physique et mental. Enfin, les aires protégées constituent une source d’inspiration pour les artistes, écrivains, poètes, musiciens et philosophes.

Les aires protégées en danger : menaces, défis et perspectives

La chasse, l’exploitation forestière et la destruction des forêts à des fins commerciales menacent fortement la préservation de plusieurs aires protégées dans le Bassin du Congo. Cette situation est due principalement à la forte augmentation de la population dans le Bassin du Congo. En outre, les problèmes d’instabilité politique et les conflits entraînent une destruction de ces zones qui sont envahies par des populations fuyant la guerre ou en quête de nouvelles terres agricoles. Bien plus l’émergence des projets d’exploitation minière, pétrolière ou agro-industrielle, entraînent de fortes pressions directes et indirectes sur les Aires Protégées dans le Bassin du Congo.
En sus, la gestion des aires protégées dans le bassin du Congo fait face à plusieurs défis notamment : le manque de fonds, la pénurie de personnel qualifié, la faiblesse institutionnelle, l'absence d'appui politique, la faiblesse du cadre juridique et de l'application de la réglementation, l'insuffisance de la communication avec les résidents locaux et de leur participation à la planification de la gestion, le manque de coordination entre les organisations participant à cette gestion, l'absence de plans d'utilisation des sols de portée générale et la délimitation inadéquate des zones à protéger. Malgré les nombreuses initiatives nationales et internationales concernant la conservation de la biodiversité et la gestion des aires protégées dans le Bassin du Congo ; d'importante défis restent à relever, notamment l’amélioration de la qualité de la gestion des aires protégées, la mise au point des indicateurs et des systèmes efficaces de suivi pouvant être utilisés pour la gestion adaptative des aires protégées; la création de nouvelles aires protégées à des emplacements stratégiques; la conciliation de la nécessité de permettre un développement durable et celle d'assurer la conservation de la biodiversité , l’implication et la participation effectives des populations locales à la prise des décisions concernant la gestion des aires protégées et l’ obtention des sources régulières de financement pour la conservation.

Fiche synthetique des aires protegees par pays

PAYS

NOMBRE

SUPERFICIE GLOBALE (Ha)

1

BURUNDI

16

143.263

2

CAMEROUN

30

3.825.024

3

GABON

18

3.459.542

4

GUINEE EQUATORIALE

13

591. 000

5

REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

16

7.014. 500

6

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

51

26.415.737

7

REPUBLIQUE DU CONGO

15

3.992.422

8

RWANDA

3

235. 400

9

SAO TOME ET PRINCIPE

2

29.500

10

TCHAD

10

11.367.820