Les forêts denses et humides du bassin du Congo

PRESENTATION

Le Bassin du Congo abrite le deuxième plus grand massif de forêts tropicales denses et humides. Classées autour du bassin hydrographique du fleuve Congo, lesdites forêts forment le bloc oriental des forêts guinéo-congolaises qui s’étend des côtes atlantiques à l’ouest jusqu’aux montagnes du rift Albertin à l’est et couvre près de 7° de part et d’autre de l’équateur. On y retrouve plus de 186 millions d’hectares de forêt dense humide et plus de 81 millions d’hectares d’autres types de forêt.
Ce couvert forestier dense est assez mal réparti entre les différents pays de la sous-région. En effet, il est établi que la République Démocratique du Congo dispose à elle toute seule près de 135’270'000 hectares, suivi respectivement du Cameroun, du Congo, de la Centrafrique et du Gabon, qui ont chacun, un couvert forestier respectif se situant au-delà de 21 millions d’hectares. Les autres Etats disposent d’un potentiel faunique et végétal moins important que ce premier groupe de pays mais ils participent néanmoins à l’équilibre écologique de toute la zone.

UN RICHE POTENTIEL DE BIODIVERSITE

Les forêts denses et humides du Bassin du Congo renferment un riche potentiel de biodiversité. Cette biodiversité se singularise tant par son importance considérable que par la diversité de ses espèces florales et fauniques qui n’existent nulle part ailleurs sur la planète. On y retrouve 10 000 espèces végétales identifiées, dont environ 3 000 sont endémiques, et près de 600 essences de bois d’œuvre. Il regroupe 440 000 hectares de plantations forestières dominées pour l’essentiel par des essences à croissance rapide telles les eucalyptus et les pins. On y dénombre 1 000 espèces d’oiseaux, 900 espèces de papillons, 280 espèces de reptiles et 400 espèces de mammifères y compris des espèces animales rares ou menacées d’extinction dont les grands gorilles de plaines et les chimpanzés.

UN CLIMAT ET UNE FORET DIVERSIFIES

La repartition des différents types de forêt est fortement corrélée avec la pluviosité annuelle et surtout avec la durée et la sévérité de la saison sèche. Les forêts du nord sont soumises à une saison sèche chaude et sévère alors que le reste, surtout l’ouest, est soumis à une saison sèche plutôt fraîche. Le long de la côte atlantique existe une bande de forêts sempervirentes riches en espèces. Ce sont les forêts les plus humides de la région avec une pluviométrie annuelle moyenne qui dépasse 3 000 mm par endroits. Cette bande s’étend sur près de 200 km à l’intérieur des terres. Ensuite viennent des forêts progressivement plus sèches, plus plates et moins riches en espèces. Les marais du fleuve Congo s’étendent au centre. Ils possèdent une diversité et un endémisme botanique significatifs répartis en une vaste mosaïque de zones marécageuses et de milieux ripicoles. À l’extrémité orientale des forêts d’Afrique centrale, le relief s’élève vers les montagnes du rift Albertin. Au nord et au sud du bloc forestier, les forêts sempervirentes et semi-decidues laissent la place à une mosaïque plus sèche de forêt et de savanes, moins riche sur le plan botanique mais supportant d’importantes populations de grands mammifères.

UNE IMPORTANCE MONDIALE CAPITALE

Les forêts denses et humides du Bassin du Congo sont d’une importance capitale pour toute la planète. Ces forêts sont importantes pour l’équilibre de l'écosystème global de la planète. Ainsi, ils assurent des services environnementaux et sociaux cruciaux. Les services environnementaux qu'elles assurent peuvent être classés en deux grands groupes :
o les services de régulation : La régulation du climat et du régime des eaux, la protection des sols, la contribution à la qualité de l’air et de l’eau.
o Les Services de conservation : La fonction de conservation de la diversité biologique dans toutes ses composantes : génétique, spécifique et écosystémique.
Les forêts rendent également des services sociaux. Ainsi, elles assurent :
o Les services culturels : Ils contribuent à la formation des identités culturelles, religieuses et spirituelles des populations vivant dans les forêts.
o Les services d’approvisionnement ou de prélèvement: Fourniture en bois de construction d’habitats, les aliments d’origine sauvage, le bois de chauffage et le charbon utilisés comme combustible pour cuisiner, les plantes médicinales, la chasse, la cueillette de fruits et champignons.

DES FORETS DE PLUS EN PLUS MENACES

Les forêts du Bassin du Congo, sont sujettes à plusieurs menaces. On dénombre des menaces directes et indirectes.
 Les menaces directes :
• Le braconnage et le commerce de viande de brousse
• L’agriculture
• L’exploitation minière :
• L’exploitation du pétrole et du gaz,
• La pêche,
• Les maladies,
• Les conflits armés et la pollution.
 Les menaces indirectes :
• Les changements climatiques
• L’urbanisation,
• Les conflits armés et déplacements des populations,
• La croissance démographique,
• Le défaut de bonne gouvernance,
• L’absence de capacité institutionnelle,
• L’insuffisance des financements à long terme,
• Le manque de compréhension des problèmes d’échelle,
• Le manque de capacité des ONG et organisations communautaires locales de suivi et d’évaluation des activités entreprises sur les forêts.

Un problème clé : la déforestation et de la dégradation des forêts

La déforestation et la dégradation des forêts du Bassin du Congo, constituent actuellement un problème clé. En effet, la déforestation et la dégradation des forêts ont pour conséquence majeure la réduction des stocks de carbone, ce qui constitue une problématique majeure au regard de la menace du changement climatique. Bien que le Bassin du Congo présente des taux de déforestation et de dégradation faibles par rapport à certaines régions du monde ; il convient de mentionner que, le taux de déforestation nette y est passé de 0,09 % entre 1990 et 2000 à 0,17 % entre 2000 et 2005.
Quatre grands groupes de facteurs peuvent être considérés comme les causes immédiates de la déforestation et de la dégradation de la forêt, c’est-à-dire les facteurs qui agissent directement sur elles. Il s’agit principalement :
- L’extension des infrastructures;
- L’expansion de l’agriculture ;
- L’extraction du bois ;
- Des autres facteurs : les prédispositions environnementales ; les facteurs biophysiques ; les événements sociaux tels que les guerres, les révolutions, etc.
Ces causes immédiates, sont sous- tendues par des causes sous-jacentes. (Voir encadré ci- dessous). Sur ce, il apparaît urgent de protéger et de gérer convenablement ces forêts.

L’urgence d’une gestion durable des forêts

Au regard des menaces qui pèsent sur les forêts du Bassin du Congo et de ses enjeux, il paraît urgent de mettre en œuvre une politique ou stratégie de gestion durable des forêts.
La gestion durable des forêts repose sur deux principaux impératifs :
- L’aménagement durable des concessions forestières
L’aménagement durable des concessions forestières repose sur un ensemble de bonnes pratiques comme la certification des forêts, l’inventaire d’aménagement ; les plans d’aménagement.
- L'intégration et participation effective des populations locales dans la gestion des forêts
Les populations locales possèdent un savoir- faire traditionnel pouvant être mis à profit dans le domaine de la conservation et de l’utilisation durable des forêts. En outre, leur consultation, sensibilisation et implication effectives dans la gestion forestière sont garantes d'une mise en œuvre efficiente des stratégies et politiques de gestion forestière.