Histoire du Bassin du Congo: Une importance de plus en plus accrue

L’intérêt pour le Bassin du Congo n'est pas une histoire récente. En effet, depuis la Conférence géographique de Bruxelles de 1876 jusqu’à celle de Berlin de 1885, cette partie d’Afrique Centrale a été au centre de nombreux enjeux géostratégiques caractérisés notamment par diverses campagnes d’exploration, de découvertes et donnant parfois lieu à de grandes rivalités entre différentes puissances. C’est dans ce contexte que l’Acte issu de la Conférence de Berlin consacrera l’internationalisation de ce Bassin. Cependant, l’évolution des relations internationales et les changements des rapports de force entre puissances concernées ont amené à réviser cet Acte, d’abord par la Déclaration et l’Acte de Bruxelles, issus de la Conférence de Bruxelles de 1890, ensuite, par la Convention de Saint-Germain-en-Laye de 1919. La signature d’un traité à cet égard, n’a pas empêché que des Etats parties s’opposent cette fois sur l’interprétation et l’application de certaines dispositions, tant les intérêts poursuivis étaient plus remarquables dans leur divergence que dans la cohésion des objectifs assignés, à savoir la liberté du commerce et de la navigation sur le fleuve Congo. L’affaire Oscar Chinn qui a opposé le Royaume-Uni à la Belgique devant la Cour Permanente de Justice Internationale en 1934, illustre parfaitement ce qui précède. Il n’en demeure pas moins que le statut internationalisé du bassin conventionnel cessa de manière définitive avec l’accession à la souveraineté internationale des Etats qui s’y trouvent.
A la suite de la crise écologique qui se trouve désormais au centre des préoccupations de la communauté internationale par le biais des questions relatives à la protection de l’environnement et au développement durable, le Bassin du Congo a, une fois de plus, retenu l’attention des Etats, des Institutions internationales, des Organisations non gouvernementales et autres groupes privés, particulièrement pour ses ressources forestières. La protection de la forêt tropicale a seulement démarré sérieusement dans les années 1980, quand l’exploitation forestière industrielle a commencé à se déplacer des zones côtières vers l’intérieur des terres, augmentant et exacerbant les menaces sur les forêts. Une approche régionale intégrale s’est par la suite développée notamment avec le programme ECOFAC – programme de conservation de valorisation des écosystèmes fragilisés d’Afrique centrale – financé par la Commission européenne et qui a démarré en 1992. Dans sa stratégie régionale, ce programme s’est focalisé dans la conservation de la biodiversité et plus particulièrement des aires protégées. Pendant la même période, les pays d’Afrique centrale intensifièrent leurs efforts de coordination régionale dans le but d’assurer la conservation de la biodiversité et la gestion durable des forêts à travers tout le bassin du Congo. Une volonté de collaboration qui fut entérinée dans la Déclaration de Yaoundé, au Cameroun, de 1999. D’autres initiatives tout aussi importantes sont venues s’ajouter, comme le Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo (PFBC) en 2002. Un nouveau partenariat qui devait offrir un appui international à la réalisation des objectifs de la Déclaration de Yaoundé.
Le bassin du Congo est partie prenante au Traité de la Commission des forêts d’Afrique Centrale sur la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale et au plan de convergence qui le sous-tend. Ce plan est le cadre de référence pour la mise en œuvre du partenariat sur les Forêts du Bassin du Congo. Ces textes forment le socle juridique et le cadre de référence de la promotion et de la gestion durable des forêts en Afrique centrale. Sous cet angle, le Bassin du Congo s’élargit donc à quatre pays de la sous- région : le Burundi et le Rwanda, le Tchad (membres de la Conférence des écosystèmes de forêts denses et humides d’Afrique Centrale ) et Sao Tomé et Principe (partie prenante au programme ECOFAC).On parle de pays associés. Ce concept est retenu pour distinguer les pays qui font partie géographiquement du bassin du Congo (Cameroun, Centrafrique, Congo Brazzaville, Congo Démocratique, Gabon, Guinée Equatoriale) et que les institutions internationales actives dans le domaine de la conservation de la nature reconnaissent comme tels, des États qui participent aux instruments plus élargis tels que CEFDHAC et ECOFAC.