Les Peuples Autochtones

PRÉSENTATION

Les peuples autochtones sont considérés comme les gardiens des vastes forêts du Bassin du Congo, leur mode de vie et d’utilisation des ressources forestières ont contribué à la protection de la forêt (et peut-être à son enrichissement) depuis plusieurs siècles. Malgré l’existence d’un cadre juridique de protection des droits des peuples autochtones, ils sont encore victimes de discrimination et de marginalisation, qui s’expriment par la dépossession de leurs terres et la destruction de leurs moyens de subsistance, de leurs cultures et identités, une pauvreté extrême, l’absence d’accès et de participation à la prise de décisions en matière de conservation. Actuellement, les peuples autochtones du Bassin du Congo font face à deux principales contraintes : la création des aires protégées et les changements climatiques.

LES AIRES PROTÉGÉES: QUELS IMPACTS SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES?

Historiquement la majeure partie des aires protégées du Bassin du Congo a été créée sans tenir compte des droits coutumiers sur les terres ni des réalités historiques, culturelles ou socio-économiques ayant façonné ces espaces et ces écosystèmes au cours des milliers d’années pendant lesquelles ils ont été habités et utilisés par les populations forestières.
Ainsi, la création des aires protégées a le plus souvent occasionné des impacts négatifs sur les peuples autochtones notamment :
- Les déplacements et la perte de moyens de subsistance
La création des aires protégées a entraîné la relocalisation totale ou partielle des communautés rurales et des peuples autochtones qui y vivaient avant la création du parc. Ces populations, dont les moyens de subsistance dépendent principalement ou entièrement des ressources naturelles et de l’environnement, ont dû relever des défis significatifs pour faire face aux changements et s’adapter à des territoires nouveaux
- Conflits et atteintes aux droits humains
La création des aires protégées a également eu pour conséquence des abus et des violations des droits humains, notamment par des éco-gardes qui considéraient celles-ci comme des zones où ne devaient subsister que la faune et la flore et donc où devait être proscrite toute présence humaine. Aujourd’hui ces abus sont généralement associés à une politique agressive de lutte contre le braconnage.
- Absence de consultation et de participation des peuples autochtones
Les processus de mise en place des aires protégées n’ont manifestement pas observé les normes élémentaires et internationalement acceptées de consultation et d’obtention du consentement libre, informé et préalable (CLIP). Le manque de consultation et d’implication des communautés locales dans la création et la gestion des aires protégées va à l’encontre des obligations étatiques prévues par la Convention sur la biodiversité et d’autres normes internationales comme le droit au CLIP, tel que stipulé par la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones (DNUDPA)

LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES: RISQUES ET OPPORTUNITÉS POUR LES PEUPLES

Les peuples autochtones sont parmi les premiers à subir directement les conséquences des changements climatiques, étant donné qu’ils dépendent de l’environnement et de ses ressources et entretiennent une relation étroite avec celui-ci. Le changement climatique leur apporte une grande vulnérabilité qui s'ajoute aux défis existants tels que leur leur marginalisation politique et économique, les empiètements sur leurs terres et leurs ressources, les violations de leurs droits et à la discrimination qu’ils connaissent déjà. Les changements climatiques accentuent la détérioration des économies autochtones et la perte de leurs cultures. De par leur lien ontologique avec l’environnement et la forêt en particulier, les peuples autochtones seront complétement déstructurées dans leur manière « d’être, de faire et de penser ». Malgré, le cadre juridique existant, les droits des peuples autochtones ne sont pas suffisamment reconnus dans les politiques nationales et internationales de même que dans les initiatives concernant le changement climatique qui sont élaborées et mises en œuvre. Bien plus, les peuples autochtones n'ont accès ni à l'information ni aux techniques et aux ressources qui permettent de s'attaquer aux causes du changement et de s'adapter à ses conséquences.
Cependant, ayant des moyens d’existence intimement liés aux milieux naturels, ces peuples ont su développer au fil du temps des aptitudes pour s’adapter aux aléas du climat et à l’évolution des écosystèmes. Dans ce contexte, le changement climatique représente également une opportunité de faire valoir leur savoir écologique traditionnel. Ils peuvent offrir des modèles durables fondés sur leurs connaissances, innovations et pratiques traditionnelles et ainsi jouer un rôle historique dans la mise en place des mécanismes d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques.